« Mais t’es qui, toi ? »

Oui, tu as raison. Avant d’entamer ce billet, il n’est pas inutile d’expliquer d’où je parle. Je suis musicien et je suis intermittent du spectacle depuis une petite dizaine d’années, après avoir enseigné, comme beaucoup, au sein d’écoles de musique. J’ai pu apprécier un certain confort, évidemment relatif sur l’échelle de Zazie, lors de mon accès au statut, suite à des années de maigres salaires à temps partiels, tout en éprouvant le travail de Sisyphe que cela représente. J’évolue dans un réseau à mi-chemin entre la musique et les arts de rue, au sein de plusieurs groupes et compagnies de théâtre. Je prends un plaisir monstre à partager nos créations avec tous les publics, dans une effusion d’adrénaline, de trac, d’émulation de groupe, d’euphorie et d’émotions variées. La musique, c’est cool, en vivre tant bien que mal, c’est génial.

Néanmoins, je ressens actuellement une sorte de dissonance avec ce milieu, ou une partie du moins, qui croît depuis 2020 et la crise sanitaire. Elle est aujourd’hui trop forte pour que je continue à faire comme avant. C’est cet écart que je vais tenter d’analyser ici.

Il n’est pas inutile non plus de préciser que je partage ma vie avec une personne à risque, malade chronique depuis trois ans, toujours en errance médicale, à mes yeux bien plus forte et courageuse que vulnérable. Nous avons un enfant fréquentant l’éducation nationale, option « vivre avec les clusters joyeux et insouciants ». Ce contexte particulier n’est pas rare au sein de la population, en tous les cas pas au point d’être considéré comme quantité négligeable dans les choix des décideurs politiques tels qu’ils sont pris, à savoir de la manière la plus incohérente qui soit, depuis deux ans et demi.

Le déni général autour de la pandémie de covid-19, ainsi que la gravité de sa relativisation, n’est plus à démontrer. Mais je veux ici expliquer comment il affecte le domaine du spectacle d’une manière bien particulière.

« Mais pourquoi tu veux parler que du milieu artistique, genre ? »

Outre le fait que j’en fasse partie et que cela puisse constituer pour moi une sorte d’auto-analyse sur ma position personnelle, pourquoi le cibler spécifiquement dans la réflexion liée à la pandémie ?

J’enfonce une porte ouverte en avançant que la première raison concerne son cœur d’activité, le rassemblement humain. Eh oui, on assiste rarement seul à l’événement artistique, sauf peut-être pour les fans de Tex. A partir de ce moment-là, en temps de pandémie et si l’on s’en soucie, la question de la gestion des contaminations se pose. Ce point repose désormais en grande partie sur les organisateurs, quand ce n’est pas carrément sur les spectateurs, tu sais, c’est la responsabilité individuelle. Certes, d’autres secteurs comme le sport génèrent des rassemblements, mais si on peut imaginer des rencontres sportives sans spectateurs, cela paraît moins évident pour le spectacle. Tu me diras, pour les meetings politiques ou les rassemblements religieux c’est pareil, alors puisque j’ai davantage d’expérience sur scène que dans le militantisme politique actif ou les messes de Noël, je commence par là.

Un autre facteur, peut-être plus sociologique, concerne l’artiste lui-même, et l’aura qu’exerce parfois cette activité auprès des gens. Bourdieu aurait sans doute parlé ici de capital symbolique. Ce prestige confère à la parole du créateur – individuellement lorsqu’il a déjà une certaine renommée ou collectivement lorsqu’elle s’exprime dans les prises de positions publiques liées aux revendications des intermittents – un poids, une valeur, parfois une impunité, que n’aura pas, ou qu’aura moins, la parole d’un enseignant ou d’un chef de rayon en supermarché, pour ne citer que deux exemples. Donc, quand l’artiste grande-gueule l’ouvre sur la pandémie (1) , il est généralement entendu. Dans le contexte que l’on connaît, il conviendrait de peser ses mots. Mais bien souvent, il n’y parvient pas. Peut-être par déformation professionnelle, il en fait trop et s’aventure dans l’indécence, ou l’incohérence (de façade, car la logique derrière n’est pas si trouble, elle est bêtement validiste), ou les deux à la fois.

La dernière raison, la plus importante selon moi, est que la pandémie n’est pas terminée, on se mange actuellement le début d’une 8ème vague. Il y a toujours une cinquantaine/centaine de morts par jours en période de basse transmission, 300 lors des pics épidémiques, même depuis omicron. L’idée selon laquelle on est du bon côté en étant en bonne santé et/ou vacciné sous-estime largement les risques de séquelles ( cardiaques, pulmonaires, thrombotiques, neurologiques…). Le covid long concerne 5 à 15% des malades, et ne dure pas forcément que 3 mois. Des millions de personnes le traînent depuis deux ans et demi, ce qui peut largement foutre en l’air une intermittence ainsi qu’une carrière. De plus, la stratégie de « cocooning » ( pour ne pas dire enfermement) ou « protection ciblée » des plus vulnérables a déjà montré son inefficacité, par le reflux incessant des nouvelles vagues et de leurs victimes.

Enfin je précise que mon propos ne veut pas jeter l’anathème sur des individus ni homogénéiser artificiellement le secteur. Je veux juste décrire une tendance fréquente à aborder le sujet complètement de travers, lorsqu’il est évoqué (!). A mon sens, cela a participé à la création d’un espace de discours problématiques qui sont loin d’être marginaux dans le milieu artistique encore aujourd’hui, et pas seulement l’apanage d’une bruyante minorité anti-tout. Et je vais quand même parler pas mal des intermittents du spectacle ici.

« Ok, bah vas-y développe, ou reprend les choses à zéro, parce que là je capte pas trop. »

Très bien. Mais même en me concentrant sur les épisodes marquants, ça va prendre du temps, car deux ans et demi, c’est long ! Donc à zéro, comme tu dis, c’est le premier et seul véritable confinement, en mars 2020. Juste avant, on voit quelques messages sur les réseaux qui invitent au « dernier concert avant la fin du monde », à une « soirée incubation en compagnie de ‘tel groupe’ » et autres blagues mortellement drôles. Cela fait quelques mois qu’on entend parler du covid et beaucoup en sont déjà (!) lassés. Puis la sidération est quand même assez générale le 17 mars. De nombreux secteurs sont à l’arrêt, le spectacle aussi. Quelques collaborations à distance s’organisent, pour combler le vide. On perd des heures. Celles et ceux devant renouveler leur statut à ce moment-là et n’ayant pas pu jouer n’y parviennent pas, la précarité frappe à la porte. Je ne nie pas les difficultés dues à cette situation. Toutefois, le milieu des intermittents sait se mobiliser, et vite.

Un hashtag « Luttons Pour Ne Pas Mourir » ( sic) apparaît en avril, accompagné d’une vidéo. A ce moment précis, je sens clairement en moi un début de dissonance, genre un bon quart de ton en-dessous. Surtout face à un florilège de messages tels que « j’ai survécu au covid, je ne survivrai pas au RSA » / « Fin de droit, fin de vie » / « Ci-Gît, E., costumière, morte étouffée d’avoir été réduite à manger l’or qu’elle avait dans les mains » etc… Le montage grandiloquent n’aide pas. Une autre figure connue du combat sur les droits des intermittents se filme pour porter ses revendications et compare, au détour de son discours, la détresse des intermittents à l’agonie des malades (2). Alors là, je me dis « On est au début d’une crise, c’est la première vague d’une maladie qu’on ne connaît pas, certains meurent réellement, pendant que vous usez et abusez de la métaphore mortifère ? Vous savez que les urgences sont saturées ? Que les malades supplient véritablement pour qu’on les sauve ?» D’autant que l’urgence sociale pouvait espérer trouver quelques réponses temporaires, même imparfaites (3). Comparaison mal placée donc, pour ne pas dire n** à ch***.

Le déconfinement arrive en mai 2020. L’activité peine à redémarrer, des spectacles sont annulés, d’autres non, en fonction des endroits où l’on se trouve, des jauges qu’ils brassent. Honnêtement, j’euphémise en disant que je ne vois pas beaucoup de gestes barrières parmi les collègues. Le mode « youpi c’est fini » domine assez rapidement. De plus, la première mouture de l’année blanche pour les intermittents est annoncée en juillet 2020, jusqu’en août 2021. Les revendications d’avril ont en partie abouti, mais leur teneur me laisse un goût pas très agréable.

Le deuxième confinement, annoncé en octobre 2020, au moment du pic de la seconde vague, et qui se prolonge jusqu’à la mi-décembre 2020, est moins strict que le premier, mais c’est toujours la galère. Des voix s’élèvent pour rouvrir les théâtres. Là encore, une imagination fascinante s’exprime à travers des slogans : « on va mourir, et même pas sur scène », « le spectacle rend vivant », « on a été très patient, maintenant il faut que tout ça s’arrête ». Très peu de gens mentionnent les conditions dans lesquelles ils souhaitent reprendre. Et si je note parfois le soin que portent certains lieux à mettre en avant le protocole sanitaire qu’ils ont prévu, je ne peux que constater rétrospectivement la promptitude avec laquelle ils l’ont abandonné dès qu’il n’était plus obligatoire, sans forcément de baisse épidémique significative. On voit ça et là se manifester des formes de « résistance », bien mal placées également, qui incitent à continuer et tenter de rouvrir malgré tout, tandis qu’un autre héraut de la liberté, spécimen paroxystique (4), veut simplement danser encore sur sa petite grille d’accords ( sic). J’ai assisté à des tours de table : « on résiste en continuant ou pas ? – Euh…contre qui on va résister en faisant ça ? La dictature ? Et ben ! Oui oui j’ai lu Orwell oui…Vous avez prévu quoi pour limiter les contaminations ? ». Et il faut alors expliquer que tu n’es pas macroniste pour autant, dur dur !

En mai 2021, les lieux de culture peuvent rouvrir avec protocole, à savoir masque (mon dieu quelle insulte à l’artiste !) et jauge limitée, RIEN sur l’aération. La vaccination commence très doucement. On aurait pu croire que l’activité allait se remettre sur des rails tant bien que mal en considérant la réalité de l’épidémie. C’était sans compter sur la méconnaissance crasse de beaucoup quant au virus et son mode de diffusion principalement aéroporté. Puis le pass sanitaire et les réactions qu’il a suscité ont continué à accentuer ma dissonance en y rajoutant une octave légèrement faussée.

Pour une partie du milieu, souvent la plus alternative mais pas uniquement, une des questions qui se posait était « si y’a le pass, on joue ou on ne joue pas ? ». J’avais tendance à dire que, d’un point de vue sanitaire, je trouvais plus pertinent un public masqué et une bonne aération que la vérification d’un pass pouvant être falsifié, ou échangé avec quelqu’un d’autre. Je ne pouvais pas défendre ce bricolage foireux qui donnait l’illusion du choix. J’étais déjà vacciné, et j’aurais préféré que ça soit obligatoire, ou sinon carrément pas et on se serait battu, en tout bien tout honneur, pour que ça le devienne ( « non, il n’a pas été développé en QUELQUES MOIS, non il ne modifie pas la STRUCTURE de l’ADN, oui il peut y avoir des effets secondaires mais absolument rien à voir en proportion avec ceux du covid, oui il faudrait lever les brevets etc etc… »). Mais LREM a préféré encore une fois la solution fourbe. Finalement, le pass est devenu nécessaire à partir de juin 2021. Un gros travail serait nécessaire pour décrire sociologiquement ce que cette techno-solution clivante a provoqué, notamment en terme de dérapages confusionnistes, pour employer l’expression de P. Corcuff.

Les « Mon corps, mon choix», « Liberté d’opinion, non au pass sanitaire» et autres récupérations de slogans-liberté appliqués au vaccin n’affichaient que peu de contradicteurs lorsqu’ils étaient relayés. Je les entendais fréquemment dans les discours de certains artistes. L’arrivée de ce dispositif, qui s’est rajouté aux autres mesures, a alimenté un ras-le-bol. Tout a été mis dans le même sac, parfois même avec l’idée que de toute façon, les maladies « c’est normaaaal, arrête de flippeeer !» (poke Lise Barnéoud de Mediapart et Alain Damasio de Chéper City (5)).

J’ai vu passer des prises de paroles d’artistes déconnectés du réel, qui affirmaient vouloir jouer pour toute l’humanité, dans sa belle diversité de choix, sous peine de perdre le sens du métier. Bon, ces gens-là finissaient quand même par jouer pour des spectateurs QR codés, et ces coups de gueule étaient à coup sûr une manière de se donner bonne conscience. Mais se rendaient-ils compte que leur public était déjà trié avant, sur bien d’autres critères, souvent invisibles ? Avaient-ils conscience que des personnes fragiles se privaient de spectacle depuis le début de la pandémie ? Savaient-ils qu’on comptait à ce moment déjà 112000 morts ? Je ne sais combien de millions de covid longs ? Arf, sans doute pour eux fallait-il arrêter ce décompte morbide, que d’ailleurs plus personne ne faisait, mais qui alimentait la peur instillée par le complexe mediatico-politique hygiéniste. J’ai donc constaté ici une forme de porosité facile entre l’imaginaire d’une bonne partie des artistes et certaines idées venant des milieux appelés, au choix, anti-masque, parfois anti-vax, pro-libertay, dénialiste, validiste ou rassuriste, mais version pseudo-soft. «Ah oui rien à voir avec les manifs hein ! Nous on est plus malins, on est pas complotistes, on est de gauche, mais que les gens fragiles fassent d’abord l’effort de se soigner ( je connais un très bon étiopathe) ou qu’ils restent chez eux, ces hypocondriaques ! Et y’a qu’à ouvrir plus de lits en réa tfaçons…» Enfin, au bout du compte, la majeure partie a fini par se vacciner, non sans traîner des pieds.

Bref, reprenons. Début août 2021, l’année blanche a été prolongée jusqu’à fin décembre. Mis à part quelques syndicats, dont la CGT – jusqu’en fin 2021, car il est resté des failles dans les mesures d’urgence – les prises de parole des intermittents se sont raréfiées. Notons ici cette étude qui a fait grand bruit, sortie fin novembre dans le « Lancet Infectious Disease », sur un concert test géant , et dont le résultat indiquait l’absence de sur-risque d’infection, tant que les participants portaient un masque et que l’espace était ventilé. Enfin une bonne nouvelle pour le secteur, et la reprise des concerts debout ? C’était en tous cas une demande des salles depuis le mois de juin 2021 à travers cet appel, qui n’affichait aucune considération quant à la volonté de limiter les risques, simplement un sentiment d’injustice par rapport à la reprise d’autres collègues…( cet argumentaire enfantin « oui mais les autres ils ont eu droit » a été pas mal usité pendant toute cette période, dans tellement de secteurs !). Demande obtenue en janvier 2022 donc.

Malheureusement pour les personnes fragiles, l’arrivée d’omicron fin 2021 début 2022 a tout pété. Il aurait certainement fallu refaire un concert test à ce moment-là, mais ça n’a pas été le cas. Y’en avait marre et pis c’est tout. Une grande frange de la population a suivi le narratif du « mild omicron », serinés que nous étions d’éléments de langage magique tels que « endémique », « post-pandémie »…sans prendre en compte le fait que si le virus semblait moins dangereux – pas pour tous – et plus contagieux, mais que l’on abaissait trop la garde, plus de monde serait infecté, donc plus de gens développeraient de formes graves, de séquelles ou autres complications.

Donc malgré la reprise d’une sixième vague et un nombre de décès approchant les 150000, la fin du masque en lieu clos au mois de mars ( mais le maintien du pass (!?), un jour il faudra qu’ils nous expliquent…), a provoqué le basculement dans la période que l’on connaît encore aujourd’hui, celle de l’invisibilisation de la pandémie, de ses victimes et des personnes à risque. Croyez-moi que le monde du spectacle s’est engouffré là-dedans la tête la première, il n’attendait que ça. C’est pour moi la dernière dissonance, celle qui dérange vraiment, car elle rejoint le silence général. Pour le constater, il suffit d’observer aujourd’hui les annonces d’événements, de festivals, de manifestations artistiques, et autres communications du milieu culturel. On se croirait revenu en 2019. On aurait pu imaginer, à minima, des mentions précisant les conditions des événements, même en tout petit dans un coin d’affiche. Mais non, mutisme TOTAL, à part certains qui précisent parfois « plein air ». Tout cela a été encouragé par le fait qu’aucun politique, lors des élections du printemps, n’a abordé la question. La page est tournée. Sauf pour les personnes vulnérables, leur entourage, celles et ceux qui se soucient de la santé publique et qui savent que ça n’est pas terminé. Monde d’après, allez disons-le, tout pourri.

On me fait remarquer que, pendant ces deux années et demi, les lieux conventionnels ont suivi les consignes ( « Oui mais on en a fait des efforts ! T’es gonflé ! »). Ce à quoi je réponds : «  D’accord…et maintenant ? En fait vous n’aviez pas le choix. Maintenant que vous l’avez et que vous pourriez faire des choses plus intelligentes que ce que vous a demandé le gouvernement, vous ne dites plus rien, et en faites encore moins.» Or ne rien dire c’est laisser-faire. Et au milieu de l’aphonie générale, dire c’est faire un peu, quand ça n’est pas des paroles en l’air et que les actes suivent.

Après ce récapitulatif chronologique rébarbatif, difficile de ne pas constater une tendance au monde du spectacle, observable très vite dès le début de la crise, à s’être centré exclusivement sur sa corporation en minimisant la considération du contexte sanitaire qui nous concerne tous, comme s’il s’agissait de deux problèmes distincts, à avoir voulu passer rapidement à autre chose, à ne pas avoir su parfois contre qui ou quoi porter sa colère, à avoir tiré dans toutes les directions, même confusionnistes, sans prendre réellement la mesure de ce qui était, et est encore en train de se passer, ou bien à se taire complètement. La majeure partie des efforts ont été entrepris pour :

  1. obtenir des mesures d’urgence, mais en affichant les revendications par des moyens impudents, souvent indécents.
  2. chercher des fenêtres d’ouverture pour rejouer le plus vite possible, afin de pouvoir faire ses heures et relancer le secteur, sans montrer réellement de volonté pro-active de réduction des risques , si ce n’est le suivi à la lettre des consignes du gouvernement.
  3. se rebeller donc souvent, ou du moins afficher un agacement, contre toute forme de protection imposée par ce même gouvernement, qu’elle soit efficace ou non ( le masque n’a pas trop eu la cote dans les salles pendant les 21 mois de son obligation, nous en parlerons dans une deuxième partie), et passer sous silence les discriminations actuelles qui éloignent de l’art et de la société les personnes vulnérables.
  4. abandonner les mesures dès que possible et considérer désormais que c’est de l’histoire ancienne, ou qu’il ne sert plus à rien d’en parler.

En temps de pandémie, il aurait été possible d’imaginer une parole qui allie à la fois ce que le secteur a revendiqué en terme d’aide demandée à l’Etat ET des mesures sanitaires cohérentes limitant réellement les risques, les deux aspects portés simultanément à égale importance. Pourtant, ce qui a guidé les revendications d’une grande partie des artistes et des professionnels du spectacle, ce n’est pas la gestion des contaminations ou la protection des personnes, même quand ils l’affichaient, mais la volonté de sauver leur peau.

«Rrrpchh,…Hein ?…Excuse-moi j’me suis un peu assoupi…et beh ! Mais comment ça se fait ? Et puis, qu’est-ce qu’on peut faire alors, concrètement ?  »

Dans quelques semaines sortira une deuxième partie, axée sur quelques ressorts qui sous-tendent le déni, au niveau global et surtout dans le milieu, ainsi que des pistes à explorer pour l’avenir, si l’on désire que ça change. En attendant, vous pouvez lire ceci !

1/ En 2020, le grand nigaud Nicolas Bedos n’a pas pu s’en empêcher, évidemment amplifié par la caisse de résonance médiatique people. Si on ne peut pas le mettre vraiment sous la même bannière qu’un artiste galérien, certains réflexes, par exemple d’indignation flirtant avec la provocation adolescente, sont des traits qu’ils peuvent partager.

2/  » Je ne sais même pas pourquoi on doit mettre tant d’énergie à ça, imaginez qu’au niveau de la crise sanitaire, si les malades mettaient autant d’énergie pour dire « il faut me sauver, sinon, si vous ne me soignez pas, on va mourir ! ». Il faut que, en face, E. Philippe, Macron, Pénicaud et compagnie comprennent que s’ils ne font rien, on va mourir, c’est obligatoire ! «  ( S.Churin)

3/ Il existe d’obscurs dispositifs d’aide de Pole Emploi, comme par exemple l’APS (Allocation de Professionnalisation et de Solidarité) ou l’AFD ( Allocation de Fin de Droits) qui, dans un contexte comme celui-ci, peuvent permettre malgré tout de voir venir un tant soit peu.

4/ « Danser encore » ( HK et les Saltimbanks) est devenu l’un des hymnes du convoi de la liberté.

5/ A plusieurs reprises, Lise Barnéoud s’est illustrée par des articles au titre trouble ( si seulement il n’y avait eu que le titre!) notamment ici, avec une réponse argumentée là. Plus récemment, toute une série d’articles à créé la polémique à juste titre car non seulement ils ont affiché des erreurs ( corrigées sur les chiffres mais pas sur le fond) mais en plus ils avançaient une vision du « vivre avec » contre laquelle nous nous inscrivons, car il se rapproche bien souvent d’un « laisser-faire ». Ici sur la vaccination des enfants ( avec une excellente réponse ici)et là en mode « il était une fois la vie des microbes ». Pour Alain Damasio, cette publication sur twitter résume le personnage. Toutes ces idées infusent assez aisément au sein d’un lectorat plutôt de gauche sur le papier, mais qui n’est pas gêné de laisser sur le bas-côté des millions de personnes.

4 oct. 2022 14:01