Témoignage de notre camarade, lu lors de la journée mondiale de sensibilisation au covid long, le 15 mars 2025 devant l’ars ille de france
Morgane vit avec le COVID long depuis 2020, plus de 4 ans maintenant. Vous pouvez écouter son témoignage lu par un autre camarade lors de l’action à Saint Denis, en vidéo (le bruit du vent rend l’écoute difficile, il y a des sous-titres disponibles), ou simplement, le lire retranscrit juste en dessous.

Samedi 15 mars
« Jusqu’au bout j’ai espéré être présente.
C’est aussi ça le COVID Long. Se sentir défaillante, ne plus être la personne sur qui l’on peut compter. L’adieu à la spontanéité autant que l’impossibilité de prévoir quoi que soit.
Les années passent, les anniversaires, les mariages auxquels tu ne peux pas assister, les naissances pour lesquelles tu n’as jamais pu tenir le bébé dans tes bras. L’enterrement de ton père, tu es assise au milieu des gens debout, tu ne peux pas le voir dans son cercueil.
4 ans, six mois, et 19 jours. C’est la dernière fois que je me suis sentie moi-même. Depuis, le COVID long et sa cohorte de symptômes débilitants m’a volé mon identité.
Depuis je réapprends.
À parler,
à marcher,
à respirer,
à manger,
à me laver,
à m’habiller,
à me concentrer,
à réfléchir.
Et à essayer de trouver qui je suis quand je ne peux plus faire toutes ces choses sans aide.
Je n’ai toujours pas de réponse. J’essaie de déconstruire, de continuer malgré la violence du validisme (y compris le mien) auquel je pensais être sensibilisée et dont je ne savais rien.
La seule chose dont je suis certaine c’est que je ne suis pas une exception, une anomalie dans le discours officiel. Les faits sont têtus, nous sommes 400 millions de COVID Longs dans le monde, victimes de l’abandon des pouvoirs publics. Les secours ne viendront pas, nous ne pouvons compter que sur nous-même.
Ces 400 millions, c’est 6% des adultes et 1% des enfants dans le monde. Pour elleux aussi les années passent, et nous ne serons plus jamais celleux que vous avez aimés. La maladie ne nous a pas rendu plus fort.es. La maladie détruit.
Nous voulons guérir, nous voulons vivre, nous voulons sortir d’une précarité et d’un isolement qui nous étouffent. Et pourtant, toujours aucun financement de la recherche et une reconnaissance à géométrie variable.
Partout, le déni et la minimisation.
L’Etat nous ignore, les médecins nous mettent en danger. Honte à eux.
Seul le collectif nous sauvera,
merci d’être là pour toustes celleux qui ne le peuvent pas. »

