Suite aux nouvelles préconisations annoncées par la SFAR (Société Française d’Anesthésie et de Réanimation) au sujet de la pandémie de COVID 19, nous souhaitions réagir. Voici le courrier que nous leur avons adressé :

Première page du courrier à la SFAR :

A l'attention de la Société Française d'Anesthésie et de Réanimation
s/c des Drs NOMS CACHES
Président, Secrétaire et Représentante du Conseil d'Administration
Comité des Référentiels Cliniques



Mesdames, Messieurs,


Winslow Santé Publique est un collectif concerné par la pandémie de Covid-19 et notamment l’abandon des mesures de protection efficaces contre la transmission du virus, entraînant de ce fait l’invisibilisation et l'exclusion sociale des publics "fragiles". Nous nous attachons, entre autres, à défendre les droits des personnes dites vulnérables au covid (ou souhaitant s’en protéger), dans un contexte pandémique où les mesures collectives de protection disparaissent totalement, malgré 40000 décès directs l’an dernier.

Nous avons lu le communiqué du "Positionnement de la SFAR sur la stratégie de dépistage covid-19 avant une chirurgie programmée en période de circulation du variant omicron de SARS-COV-2", disponible sur votre site internet depuis le 28 février 2023, ainsi que différents tweets de présentation, de commentaires et de réponses postés par le compte @SFAR_ORG, et souhaitons vous faire part des inquiétudes et des questions qu'il soulève.

Il nous semble que la stratégie que vous proposez vise à minimiser le risque individuel de complication post-opératoire de chaque personne concernée, mais qu'elle ne tient pas compte du risque existant pour les autres patients, voire pour les professionnels de santé, qui pourraient être cas contacts de malades infectés par un virus à transmission aéroportée mais non testés, donc pas repérés. Cette lacune nous semble particulièrement problématique.

A l'échelon individuel, "le maintien d'une recommandation de dépistage" repose "sur le principe de précaution pour d’autres patients jugés à risque comme les immunodéprimés, etc.". Pourriez-vous préciser la typologie des patient-es que vous incluez sous l'elliptique terme "etc.", au-delà des patient-es présentant un score ASA supérieur ou égal à 3 et candidat-es à une chirurgie "à haut risque respiratoire postopératoire” ? Pourquoi le dépistage, chez ces patient-es, n'est-il recommandé que lors d'une chirurgie "avec ventilation mécanique" ? Alors qu’il est reconnu que le SARS-Cov-2 a un tropisme cardiaque et neurologique important, et qu’il peut entraîner des effets indésirables qui pourraient se cumuler avec l’immobilisation (caillots sanguins notamment), quelle est votre position sur le dépistage du Covid-19 chez les malades présentant des maladies chroniques cardiovasculaires ou neurologiques ? En particulier, pouvez-vous nous préciser si l'étude DROMIS-22, sur laquelle vous vous appuyez, permet d'affirmer que ces personnes n’ont pas de surrisque de complication après une anesthésie avec (ou suivie) d’un covid ?

Plus globalement, en salle de surveillance post-interventionnelle les patient-es à risque de Covid-19 se retrouveront à côtoyer sans masque d’autres patient-es qui n’auront pas été testé-es : comment prévoyez-vous d’éviter les contaminations dans ces conditions, pour un virus aéroporté ? La personne tenant votre compte Twitter, dont on ne sait qui elle engage, a précisé que "Les mesures de protection physique en SSPI (masque, distanciation) perdurent.". Nous avons bien noté la recommandation R1.9 de la version 3.1 (avril 2022) des Recommandations de pratiques professionnelles "Préconisations pour l'adaptation de l'offre de soins en anesthésie-réanimation
Deuxième page du courrier à la SFAR :

dans le contexte de pandémie de Covid-19" selon laquelle "Les experts suggèrent que les soignants et les patients portent en permanence un masque à usage médical, préférentiellement de type II (ou IIR)", mais les témoignages qui nous sont parvenus conduisent à nous interroger sur sa mise en oeuvre réelle. Disposez-vous de données factuelles prouvant que cette préconisation est actuellement suivie, ou s'agirait-il plutôt d'un vœu pieu ? L'absence de mention de masque FFP2 pour les patient-es en affaiblit d'ailleurs la portée, le masque chirurgical offrant une protection nettement moindre vis-à -vis de l'inhalation de SARS-CoV-2.
En cas d'apparition d'un Covid post-opératoire, comment sera-t-il possible sans test préopératoire systématique de confirmer ou d'infirmer le caractère nosocomial de la contamination, dans un processus d'indemnisation des patient-es ou de leur famille pour le préjudice subi par le manque de mesures efficaces dans leur lieu de soin ? L'absence de documentation pré-opératoire sur le statut biologique relatif au Covid-19 ne peut qu'être source d'incertitude juridique, préjudiciable tant aux établissements qu'aux malades.

Enfin, les personnes souffrant d’un covid long, non considérées comme à risque selon votre position, savent que leur état se dégrade à chaque contamination. Certaines ne souhaiteront pas réaliser leurs soins dans des conditions les laissant à la merci d'une contamination nosocomiale par défaut de précaution. Avez-vous pris en compte cet état de fait (autrement que par la préconisation d’un anxiolytique comme l’a tweeté l’un de vos membres, ce qui est totalement inacceptable d’ailleurs) ? 

Au total, nous regrettons l'absence de la dimension "santé publique" de votre positionnement, par la non prise en compte du risque infectieux nosocomial des personnes vulnérables. La poursuite d'un dépistage préopératoire systématique nous semble la disposition la plus efficiente et la moins discriminante pour continuer la lutte contre un virus dont beaucoup oublient qu'il est toujours très délétère, particulièrement vis-à-vis des personnes les plus à risque mais aussi potentiellement pour toute la population.

Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous transmettre par mail vos réponses à nos questions, et vos éventuels commentaires complémentaires. 

Dans l’attente de vous lire, nous vous remercions de votre attention et vous adressons nos plus sincères salutations.



NOM CACHE, pour le Collectif Winslow Santé Publique

5 mars 2023 12 : 53 / Dernière mise à jour : 5 mars 2023 14 : 45